IT'S (SO) QUIET

Les peintures de Lynda Deleurence induisent le spectateur à se positionner entre deux eaux, à évoluer dans un espace d’incertitude, un trouble, une turbulence latente, à venir et si proche. Le temps se suspend. Les évènements ne tiennent qu’à un fil. Dans une réaction sensible dénuée de toute certitude, il serait possible de considérer que tout va bien, que tout est calme. La journée se déroule sans ombrage, dans un quotidien qui se connaît tant, mécanique, sans se préoccuper du devenir, l’instant étant, dès lors que l’artiste tire un trait.

C’est l’été, allons-nous baigner.                                                                                                

Les oiseaux volent et le CO2 de l’usine se marie avec l’air ambiant.

« On respire parfois mal, la monochromie fait camouflage, elle étouffe les bruits sourds, calfeutre les drames. La puissance de la couleur vient alors à la rescousse, on s’y accroche, bienveillante, elle nous offre son réconfort. Mes paysages sont des paysages étoffés étouffés, des paysages claustrophobes, des paysages absorbants mais qui résistent tant et pourtant ».

La peinture se meut comme le détonateur d’un perceptible, à peine entré déjà piégé, écrasé par la densité de l’occupation de l’espace. Si le figuratif reste présent, l’artiste semble dévoiler, dévoyer une impression. Une impression d’étouffement, malgré les vastes espaces qu’elle dessine.Ici, les paysages restent libres et généreux, comme les êtres en apparence. Ils happent l’air, le suggère et, l’air de rien, le questionne. Les personnages sont menacés et menaçants. Dès lors, une difficulté s’installe comme un déséquilibre. Ils évoluent dans un mouvement statique, une violence suspendue au milieu de ce paysage - témoin qui a tout vu.

La peinture fait appel et engage le spectateur comme l’auteur de son propre spectacle sur un terrain glissant, gisant. La couleur vive ne semble qu’un leurre, l’atmosphère d’une action pressante et indéterminée. C’est une belle journée.

Grégory Murot, 2016