7000 articulations, Journal d’un observateur d’art

De loin j’ai vu des parachutes tombant dans un ciel nocturne, façon farouche commando investissant le théâtre des opérations.En m’approchant j’ai vu que les parachutes étaient plutôt les translucides, corolles de gracieuses méduses nageant entre deux eaux.C’est encore de plus près que j’ai vu la femme, juste au centre de la toile, marchant vers la gauche, avec ce grand arbre vert, aussi fulgurant qu’une tornade montant vers le ciel.Puis j’ai vu les lucioles un peu partout et j’ai alors entendu une toute petite voix; me chuchotant un nom : Claire.

Il est rare qu’une peinture renvoie à un souvenir de lecture. Oui c’est Claire, « La femme aux lucioles», une nouvelle de Jim Harrison (Christian Bourgois éditeur.1991 ). L’histoire d’une femme qui se réfugie dans un champ de maïs, où elle passe la nuit, lorsqu’elle décide de quitter son mari et de changer de vie.

Cette toile « Paysage en migration » de Lynda Deleurence à la Galerie Mourlot Jeu de Paume m’a poussé à relire « La femme aux lucioles » et là j’ai constaté une chose étrange. C’est sans doute la couleur verte de cette toile qui m’a fait penser à ce texte où le vert est très présent tout au long. Bonnard disait : «La couleur agit ».

 Jean-Louis Marcos / 2009